GF: En 1959 il y avait une grande activité musicale à Paris. Sur la rue de Rennes (M° Saint Sulpice) juste en face il y avait un club, enfin, un resto africain appelé le KEUR SAMBA, l’affaire ne marchait pas, alors un danseur cubain appelé Negrito SILVA, me demanda de former un groupe “para hacer caminar esa cosa”, alors j’ai monté le groupe.
QbP: Il s'appéllait comment le groupe?
GF: Le groupe du KEUR SAMBA, il y avait un bassiste du nom Chapotin, démi frère avec le trompettiste et qui avait joué avec moi pour Perez Prado; un grand tumbador vénézuélien, BATAMBA, le meilleur ! et une pianiste juive Silvia, qui jouait notre musique comme un fusil de chasse !
QbP: Pourquoi pensez vous que le groupe a eu du succès?
GF: Cette formation fut un succès total par notre qualité musicale, non seulement en deux mois on avait déjà un public fidèle, mais tous les soirs, la crème de Paris venait nous entendre, Ava Gardner, Sidney Poitier, Silvana Mangano... bref, on a été contraints de nous habiller en costard et noeud papillon à la française ! Un soir, pendant qu’on jouait, j’ai entendu quelqu’un jouer le bongo, alors je me suis retourné pour voir qui s’était et j’ai vu l’acteur Marlon Brando, qui était venu enregistrer le film “El ultimo tango en Paris”.
On a joué aussi avec Art Barkley, Quincy Jones, Serge Gainsbourg, entres autres.
QbP: Vous rappelez vous d'autres musiciens cubains de cette époque ?
GF: Il y avait les frères Barreto, qui sont arrivés après-guèrre, donc bien avant moi, il y avait aussi une chanteuse cubaine nommée Chiquita Serrano que j’ai accompagné et j’ai joué avec un grand bassiste cubain du nom Aldo Jova, son fils est aujourd’hui pianiste à Paris.
Article offert par le Maestro Fellove publié pour une magasine de Miami (Delio Valdés, photographe reporter cubain) :
Le voyage depuis l’aéroport Charles de Gaulle au coeur de Paris nous avait fait rappeler des vieux souvenirs des années passés. Mais la sensation d’être dans l’une de villes le plus belles du monde, avec ses pavés, ses monuments, ses jardins et ses 2000 années d’histoire est écrasant. Peu importe combien des parisiens et de touristes nous entouraient Sur les Champs Elysées ou dans le silencieux et rapide métro. Soudain on a ressenti le besoin du cubain, des nôtres...
On a fait appel à la liste des noms fournis par Paquito D’Rivera, à la recherche de la chaleur créole dans le frigide Paris que nous avait accueillis. Zoe Valdés était pas là, Jorge Camacho, le peintre et sa femme Margarita non plus, mais par chance Guillermo FELLOVE, le musicien, l’Ambassadeur, comme je l’ai baptisé, non seulement nous a donné rendez-vous, mais il a traversé tout Paris avec nous pour nous montrer ce labyrinthe des rues, que j’aurais jamais osé affronter seul de peur de ne pas retrouver la sortie en un an. Après la promenade Guillermo, un de ces grands cubains éparpillés de par le monde, toujours prêt à tendre la main à un autre cubain, musicien ou pas, nous a amené chez lui à la rue de Rungis, tout près de la Cité Universitaire Internationale de Paris.
Guillermo et Rosana, son épouse, ont fait partie de l’un de Duos artistiques de plus inatendus mais avec un grand sucés avec lequel ils ont parcouru les principales ville du monde. Elle une brillante danseuse de danse contemporaine de l’Ecole Catherine Dunhan et lui, un trompettiste directeur d’orchestre. Il me serait impossible, au moins d’écrire un libre, de décrire la trajectoire artistique de L’AFRO CUBAN JAZZ SHOW de ROSANA & GUIL. Après un délicieux dîner chinois, especialité de Rosana, on a regardé des albums photos et les critiques des principaux journaux d’Europe. Ils ont débuté à Cannes. FELLOVE qui quittera sa Guanabacoa natal à la fin des années 50 avec Perez Prado, il parcouru la Colombie, le Brésil, l’Argentine, après est venu Cannes, où il joue toujours, après que Rosana victime d’une lésion pendant un spectacle, a du se retirer de la danse.
FELLOVE integra aussi les orchestres D’ARSENIO RODRIGUEZ, PEREZ PRADO, BENNY MORE y ARMANDO ORELICHE, où il jouera avec Rosana, ce spectacle a fait une tournée par le Japon, la Thaïlande, Hong Kong, Suède, Suisse et Allemagne.
FELLOVE raconte avec tristesse comment par le simple fait d’avoir un passeport cubain par moments leur vie est devenu difficile. On leur a refusé un énorme contrat à Las Vegas. Tapei a refusé leur visa. A leur arrivé à Hong Kong, ils ont été dénudé par les douaniers et fouillé de la tête aux pieds. Ils ont arrivé à la conclusion qu’être cubain été comme être un apatride, Rosana française d’origine guyanaise, souffrais les mêmes discriminations et humiliations que son mari cubain de la part des burocracies migratoires.
FELLOVE continue sa carrière de musicien, mais sa fierté est de pouvoir recevoir chez lui, tout cubain qui passe par Paris et faire à manger son plat préféré le “picadillo” qui ont pu déguster les musiciens de Tito Puentes, Paquito D’Rivera, Arturo Sandoval, Ignacio Berroa,“Chocolate” Armenteros, Bebo Valdés et tant d’autres qui ont trouvé chez Fellove l’arrêt obligatoire de passage à Paris et qu’ils considèrent comment l’Ambassadeur cubain dans la ville lumière.