Oh qu’elle est dure la vie du musicien cubain à Paris !!! la langue, le froid, les moments de solitude, la nostalgie du pays... Bref, le quotidien de tout artiste venu d’ailleurs, qui débarque un jour en métropole à la recherche de son destin. Cette page leur appartient, base de données, catalogue, appelez-là comme vous voulez. Quoi qu’il en soit, puisse ce blog améliorer leur quotidien, l'essentiel est de les faire connaître, contribuer à les rendre plus visibles dans la scène musicale parisienne. Suivez l'actualité de leurs projets artistiques sur leurs pages respectives et profiter de la magie de cette musique, fruit de l’infatigable créativité du peuple cubain.


LES FRERES BARRETO

 

Nés au début du XXe siècle à La Havane dans une famille de forte tradition musicale, en 1926, le père, dentiste et politicien, emmène toute la famille en Espagne, où Emilio et deux ses frères, musiciens eux aussi, ne restent pas: ils débarquent à Paris en 1927. 




Le jazz est alors à la mode, et Emilio Barreto, qui avait appris le violon au Conservatoire, le délaisse pour la guitare et le banjo et accompagne les musiciens américains. Quand le jazz cède la place aux rythmes afro-cubains, il est l'homme de la situation: en 1932, il fonde son orchestre, qui débute au Melody's Bar, et enregistre ses premiers 78 tours. Celui qu'on appelle désormais Don Barreto impose le son et le danzon dans les cabarets parisiens avant une pause forcée: en 1942, après l'entrée en guerre des Etats-Unis et des pays de leur zone d'influence, les Allemands enferment dans le camp de Royallieu à Compiègne tous les ressortissants d'Amérique du Sud. Ils trompaient l'ennui, se souvenait Barreto, en jouant pour les autorités du camp. Ils y resteront jusqu'en 1945.

La déferlante du mambo et du cha-cha-cha, dans les années 50, remet au premier plan Don Barreto: il voyage avec son orchestre à travers l'Europe et joue pour des parterres de stars et de têtes couronnées. Se consacrant par la suite à l'enseignement de la guitare, il fait un retour remarqué au Moloko à Pigalle en 1992, porté par le regain d'intérêt pour la musique cubaine. On le verra ensuite, toujours très alerte malgré les années, reprendre comme à la grande époque la tournée des cabarets: la Java, l'Escale... En même temps paraissaient sur CD diverses rééditions (sur les labels Harlequin et Music Memoria) de ses vieux enregistrements.
Homme modeste et affable, Emilio Barreto est toujours resté fidèle aux musiques de son île natale, où il n'était jamais retourné, bien que sympathisant de la révolution. Il est mort à Paris, à l'âge de 88 ans.

Sergio Barreto percussionniste, que j'ai eu la chance de voir sur les scènes parisiennes dans les annèes 90. Je n'ai pas réussi à retrouver pour le moment, des écrits sur sa vie, tout ce que je me rappelle de lui, c'est qu'il était quelqu'un d'humble et désintéressé. Bohèmien, joyeux, bavard, présent dans toutes les lieux où l'on jouait la salsa.  Il fut également le Maestro pour beaucoup des jeunes musiciens de l'époque, comme le chanteur colombien Yuri Buenaventura, qui racontera lors d'une interview cette anécdote drôle et trés significative, qui résume bien le destin des certains musiciens oubliés à la fin de leur vie : "A l'Escale, j'ai rencontré un cubain nommé Sergio Barreto, de frères Barreto qui est arrivé dans les années 30 d'Espagne. C'est lui qui m'a enseigné les secrets du bongo pour 100 francs par semaine. Pour arriver à trouver cette somme et avec beaucoup de difficultés je faisais des économies comme suit : 30 francs du repas de la semaine au restaurant universitaire, 25 francs du transport et les 45 restant de ma minuscule chambre de bonne où j'ai vécu. Chaque mois, lorsque je lui payer, Barreto m'invité au Rive Gauche, sur la place Saint-Michel dans le Quartier Latin, et commandait du rhum. J'appelais celà "el trago amargo" (tango), parce que mon argent disparaissait rapidement dans l'alcool."



Biographie extraite de :